samedi 23 août 2014

"Nymphéas noirs" de Michel Bussi


Résumé : Jérôme Morval, riche habitant de Giverny, est retrouvé mort dans le ruisseau qui serpente à travers le village. Son crâne a été fracassé. Qui s'est acharné sur cet homme ? Les pistes ne manquent pas car le notable local était connu pour ses aventures extra-conjugales et trempait dans quelques affaires louches liées au monde de l'art. Le commissaire Sérénac et son adjoint Benavides sont chargés de l'enquête. Bien vite, les deux hommes sont pris comme des mouches dans une toile d'araignée car Giverny, patrie de Claude Monet, n'est pas un village comme les autres.

Avis : Michel Bussi fait parler de lui en ce moment sur la blogosphère et figure régulièrement en tête des ventes (si j'en crois les derniers classements Livres Hebdo). J'avais envie de lire un polar ET de découvrir un nouvel auteur, ce roman tombait donc à pic.
Ce n'est pas la peine de chercher qui fait quoi, l'auteur nous emmène d'une fausse piste à l'autre jusqu'à la révélation finale qui nous punaise sur place. Le mieux est de ne pas jouer au lecteur-détective mais de se laisser porter par l'histoire, les personnages et surtout, par le lieu. Je ne connais pas Giverny mais une chose est désormais sûre : il va falloir que j'y aille ! Les descriptions du village et de ses environs en font un personnage à part entière. Il a l'air absolument magnifique - une fois qu'on a poussé tous les touristes...

On en apprend également beaucoup sur la vie de Claude Monet et sur son oeuvre : toutes les anecdotes sont véridiques (d'après une note de l'auteur). Nous avons même la chance de visiter le musée de Vernon.
L'intrigue en elle-même est bien ficelée et chaque personnage sonne juste. Nous voyons l'histoire se dérouler à travers les yeux d'une vieille habitante de Giverny, qui visiblement en sait beaucoup plus que ce qu'elle laisse paraître. Mais aussi à travers ceux de Fanette, jeune écolière de 11 ans et d'un narrateur discret. L'alternance des points de vue dynamise le rythme et la lecture est particulièrement fluide. Je mets juste un bémol sur l'inspecteur Sérénac... J'aime sa personnalité et sa façon d'échanger avec son collègue mais sa prise de position radicale et bornée ne le rendent malheureusement pas crédible dans sa fonction de commissaire.
L'intrigue se déroule presque exclusivement à Giverny, ce qui transforme l'ensemble en huis-clos. Ici, tout le monde se connait et galeries d'arts côtoient écoles de peinture et autres commerces. Comme le souligne l'inspecteur Sylvio Benavides, le bras droit de Sérénac, on a l'impression d'être face à une omerta digne d'un village Corse. L'atmosphère est particulière et les locaux n'aiment pas bien parler aux "étrangers". Mais quel secret cachent-ils donc tous ?
Le monde de l'art est aussi bien présent et on se cultive au passage sur le courant impressionniste. Mais point de cours magistral, l'auteur sait distiller son savoir tout au long du texte.
Ce roman vous promet un bon moment de lecture, n'hésitez pas.

Pocket, juin 2014, 492 p.