lundi 5 juin 2017

"La bouche pleine : encore des poèmes pressés" de Bernard Friot


On ne présente plus les Histoires pressées de Bernard Friot qui sont devenues des classiques de la littérature jeunesse. Je ne connaissais pas les poèmes de la série, c'est désormais chose faite avec ce recueil autour de la cuisine, de la nourriture et des repas. L'auteur joue avec les expressions "ne pas en laisser une miette", "avoir l'estomac dans les talons", etc ainsi que le champ lexical de la cuisine.
Le résultat est une succession de poèmes truculents, qu'on lit d'une traite comme on mangerait un pain au chocolat. Pour filer la métaphore, je dirais que je me suis purement et simplement régalée !
Pas de formalité ici, parfois en rimes, parfois en prose, ponctuation quasi inexistante.
La mise en page, très visuelle, est également très chouette.
Je lis très peu de poésie et cela m'a donné envie de m'y mettre un peu plus.

donne-moi la recette
ingrédients préparation temps de cuisson
donne-moi la recette
moi aussi je veux cuisiner mitonner mijoter
mettre les petits plats dans les grands
donne moi la recette
j'apprendrai les secrets les tours de main
pour régaler mes amis
donne-moi la recette
je serai cordon-bleu maître queux
et grâce à toi je saurai
(si j'ai la recette)
rendre les gens heureux


J'ai eu la chance de rencontrer Bernard Friot il n'y pas pas longtemps dans le cadre de mon travail et ce fut un grand moment. L'auteur, venu parler de son travail et des rencontres qu'il fait avec des élèves, nous a parlé de son point de vue sur la lecture. La lecture à voix haute et l'oralité tiennent une place importante dans son métier d'écrivain. Pour lui, l'enfant qui écoute n'est pas passif, il lit avec ses oreilles. Il doit faire l'effort de suivre un rythme, comprendre le sens, etc. C'est un temps où on nourrit son imaginaire et son répertoire narratif. Ce qui compte, c'est d'avoir des expériences collectives de lecture. On traverse un imaginaire en commun.
La lecture relie, on entre dans une communauté de lecteurs. On parle de livres, on prête des livres. Le problème pour l'école c'est que tout ça ne laisse pas de traces alors qu'on est dans une culture de l'écrit, de la note, de l'évaluation.
Il faut que les livres entrent dans l'envie de grandir des enfants, les animations lecture dont trop horizontales, elles s'adressent à une même classe d'âge alors que l'échange et la transmission sont primordiaux. On devient lecteur parce qu'on s'identifie à des lecteurs.
Je ne vous mets pas toutes mes notes, ce serait trop long, mais vous avez là un avant-goût de sa pensée !

Milan poche, 2015, 105 p.

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